Rachat d’Altran par Capgemini

Rachat d’Altran par Capgemini

Altran-Capgemini : un géant mondial de la transformation numérique de bout en bout du secteur industriel

Hier Capgemini a annoncé son intention d’acquérir Altran !

Ce mouvement, au-delà du renforcement de la position de leader de Capgemini sur le marché des services IT en France, mais aussi en Allemagne ou aux Etats-Unis, lui apporte aussi une complémentarité sur un pan d’activité un peu marginal jusqu’à présent : l’ingénierie et la R&D externalisée.

Ce sujet avait très clairement été identifié par Capgemini qui avait déjà regroupé les activités de Sogeti High Tech et une partie de celle d’Igate dans une entité dédiée à ce marché : DEMS (digital engineering et manufacturing services). Cette activité ne représentait que 15% du total et était assez fortement localisée aux Etats-Unis et en France. Or, la transformation numérique du secteur industriel passe aussi bien par l’amélioration de la connaissance et de l’expérience client que par la transformation des processus de production, du shopfloor… de l’OT (Operations Technologies) au sens large. Ainsi, les passerelles, voire les intégrations complètes entre l’IT et l’OT vont devenir des éléments très importants à maîtriser pour prétendre accompagner les clients industriels de bout en bout. Et c’est clairement le positionnement de Capgemini ! Cette acquisition prend donc tout son sens et apparaît comme une volonté de Capgemini de devenir un partenaire fort (encore plus fort) des industriels au niveau mondial sur les sujets de transformation de l’expérience client, du cloud, de l’IoT, l’IA, la 5G ou des sujets plus « classiques » comme le PLM, le MES… qui restent importants pour les industriels.

De son côté, Altran, après 10 ans de transformation et plusieurs acquisitions majeures, notamment en Allemagne et aux USA, s’est construit une position de leader mondial sur ce segment de l’ingénierie et de la R&D, grâce en particulier a des positions solides et bien structurées dans les grandes industries : aéronautique, automobile, énergie/utilities… Toutefois la société était confrontée à certains problèmes tels que l’intégration difficile de certaines acquisitions ou sa faiblesse en matière de systèmes d’information.

Même si le marché de l’ingénierie et de la R&D est encore très orienté sur des prestations en assistance technique et souvent assez local, Altran est certainement l’acteur le plus international, celui qui a le plus développé d’offres et de positionnement en centres d’expertises, mais aussi celui qui a clairement affiché sa volonté de se tourner vers l’offshore. Tous ces éléments nous laissent penser qu’Altran devrait bien s’intégrer dans Capgemini (même si des intégrations de cette taille ne sont jamais évidentes) qui a une approche assez similaire. Ceci est d’autant plus vrai (mais cela pourrait aussi s’avérer un frein) que plusieurs principaux dirigeants sont des anciens de la maison Capgemini.

Au-delà de l’aspect financier pour les actionnaires, et notamment pour le fonds Apax qui signe une très belle opération, le deal est très intéressant pour Altran qui « change de dimension » avec ce rapprochement. En effet, se retrouver au sein du groupe lui permettra de bénéficier de toute l’industrialisation déjà en place, de la présence dans un nombre important de pays, de la capacité à répondre à des projets de taille très importante et internationaux plus facilement, de pouvoir proposer à sa base de clients toute la partie transformation digitale du front office…

Pour le numérique français qui peine à générer des champions mondiaux, cette opération est extrêmement positive. Avec 17 milliards d’euros, le groupe Capgemini fait son entrée dans le top 5 mondial et « verrouille » Altran qui était l’objet de convoitises de plusieurs prédateurs. Nouvelle preuve de résilience de ce pilier incontournable qu’est Capgemini, quelques années après la disparition de son fondateur.

La prochaine étape logique en termes organisationnels suite à cette acquisition devrait aboutir au sein de Capgemini à la naissance d’une seconde GBU (Global Business Unit) verticale mondiale sur l’industrie, après celle consacrée au banking. Capgemini pourrait ainsi adresser ce qu’il appelle « l’Intelligent Industry ». Il ne reste plus maintenant qu’à réussir cette intégration !